Et si on se penchait sur Le sacre du printemps… troisième pièce de Nijinski, partition fétiche de la danse et ballet si célèbre qu’il fut reconstitué plus de 200 fois depuis sa création en 1913. Si la documentation autour de la pièce est assez rare, mise à part quelques photographies et dessins du ballet, la chorégraphie a elle disparue contrairement à la partition et musique du compositeur Igor Stravinsky qui est restée intacte. Dominique Brun se saisit de cette contradiction pour reconstituer, recréer et questionner cette œuvre ineffable.
Dominique Brun est danseuse, chorégraphe et chercheuse. Elle a notamment orchestré la reconstitution du Sacre du printemps pour le film « Coco Chanel & Igor Stravinsky » réalisé par Jan Kounen (2008) et réalisé un travail de création par rapport à ce ballet. Sans vouloir reconstituer pas à pas la danse du Sacre, elle s’appuie sur des archives qu’elle utilise comme une contrainte et des témoignages de personnes ayant dansé ou vu la pièce originale en 1913. À partir de ces documents, elle propose un travail de recherche chorégraphique et de reconstitution historico-esthétique en croisant les archives avec d’autres références, alliant ainsi l’histoire à la danse.
Aujourd’hui, la chorégraphe est connue notamment à travers ces deux « relectures » du Sacre du printemps : le Sacre #2 (2014) et le Sacre #197 (2012). Pour entendre Dominique Brun, rendez-vous sur : ARTE à 16 minutes 48 précise.
Sacre #2 : « Servi par une distribution de 30 danseur·se·s contemporains, Sacre # 2 s’appuie sur un travail de recherche mené avec deux historiens, Sophie Jacotot et Juan Ignacio Vallejos, pour retrouver les archives de l’œuvre de 1913, les rassembler, les analyser et les interpréter, mais aussi mettre au jour des images, des écrits, un contexte permettant de recréer du mouvement là où les archives font défaut. »
Sacre #197 : Il existe aujourd’hui plus d’une centaine de versions du Sacre du printemps. Dans « Sacre # 197 », elle invite six danseurs-interprètes à inventer un solo singulier à partir d’une série de dessins de Valentine Gross-Hugo, témoin de la danse de Nijinski, qui donneront lieu à six danses sacrales. Dans cette pièce, Brun inverse le processus de création du Sacre, puisque c’est la musique de la pièce composer par Stravinsky qui avait inspiré la danse de Nijinski. Ici, il s’agit de laisser la danse agir sur la musique — composée par Juan Pablo Carreño, pour permettre de redécouvrir la danse.